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(Marjolaine Jolicoeur)- Un des premiers végéburgers a été vendu en 1951, à Los Angeles, dans un restaurant végétarien tenu par des disciples de Paramahansa Yogananda (1893- 1952).   Un Beyond Meat bien avant son temps! C’est le yogi lui-même qui inventa la recette de son  mushroom burger, concocté avec, comme son nom l’indique, des champignons mais aussi des noix.

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Arrivé aux États-Unis en 1920, Yogananda est l’auteur du très célèbre livre Autobiographie d’un yogi. Depuis sa publication, en 1946, le livre a été vendu à plus de 10 millions d’exemplaires et traduit en une trentaine de langues.  Immensément populaire dans les années 1960 et 1970,  il est devenu  pour plusieurs la porte d’entrée pour découvrir le yoga, la méditation ou le végétarisme.

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Steve Jobs

C’est le seul livre que Steve Jobs  téléchargea sur son iPad et qu’il relisait à chaque année depuis son adolescence.   En 2011,  lors de ses funérailles dont il avait lui-même planifié chaque détail, toutes les personnes  présentes  – près de 500 – reçurent une petite boîte  en guise d’adieu : elle contenait un exemplaire du livre Autobiographie d’un yogi.

George Harrison

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Le musicien de sitar Ravi Shankar donna, en 1966, une copie du livre à George Harrison, l’un des Beatles.  Sur la pochette de l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, sorti en 1967, à la demande de Harrison apparaît Yogananda en compagnie de la lignée de ses guides spirituels : Swami Yukteswar Giri, Swami Lahiri Mahasaya et Babaji.

George Harrison donnait à ses amis des copies d’Autobiographie d’un yogi, car il disait que le livre avait une grande influence sur lui.  Sa chanson Dear One (1976) est dédié à Yogananda. (https://www.youtube.com/watch?v=oUVqTNYGAaE)

Le Beatles raconte son lien avec Yogananda:    « Pendant que j’étais en Inde avec Ravi, je n’arrêtais pas de dire :  Je veux savoir sur les yogis de l’Himalaya… lui et son frère, Raju, m’ont donné…. Autobiographie d’un yogi. C ‘était une copie indienne-texte anglais, mais de l’Inde. J  ai regardé la couverture et Yogananda m’a zappé avec ses yeux, et c’était tout, tout était fini !  Puis j’ai lu le livre – et ça m’a donné la chair de poule. Avec certaines choses que vous lisez, vous pensez : ′′ Eh bien, je ne suis pas sûr de ça′′ . Mais avec Autobiographie d’un yogi, j’étais totalement convaincu de chaque mot dans le livre ; d’une certaine façon, sa pureté et son cœur en sont sortis. Je garde des piles d’Autobiographie d’un yogi à la maison, et je la donne constamment aux gens.»19-copy (2)

Des menus végétariens

Yogananda enseignait le kriya-yoga qui comporte diverses techniques agissant sur le souffle et la circulation de l’énergie. Puisque nous sommes dans les années 1920, il adapta son enseignement  à la mentalité américaine – et chrétienne –  de l’époque en y incorporant la pensée positive, des affirmations de guérison, la visualisation et la prière. Il  parlait autant de la Bhagavad-Gita que de la Bible ou du Christ.

L’exotique swami, aux longs cheveux noirs et à la robe couleur ocre, a sillonné les États-Unis pendant une quinzaine d’années afin de donner des conférences et des ateliers.  Il organisait aussi des Hindu Health Luncheon (Repas hindous de santé).

Le journal Inquirer de Cincinati rapporte, en 1926, le menu d’un de ces repas regroupant près de  1 000 personnes:  pas de viande mais du chou-fleur dans une sauce au curry, recette personnelle de Yogananda, du riz, du pain de blé et pour dessert une poire avec du fromage à la crème.

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En 1927, Yogananda est le premier swami de l’Inde à être reçu à la Maison Blanche. Le Washington Post donne un compte rendu de sa visite en publiant le menu végétarien qu’il conseille au président Coolidge afin de gouverner le pays avec sagesse.  Il lui propose du jus d’orange, des noix moulues et des muffins au blé le matin, des salades de fruits et de légumes crues le midi et le soir des légumes cuits, du riz et un pain aux noix.

Dans la revue East-West, lancée en 1925 par  des disciples de Yogananda, on retrouve toujours des recettes végétariennes et des suggestions alimentaires  : « Les aliments crus ont une valeur alimentaire supérieure à la viande et ne contiennent pas, comme elle, des impuretés. Que votre alimentation soit pour de moitié composée d’aliments crus. Mangez plus de noix. Buvez plus de jus d’orange. Jeûnez une fois par semaine », écrit Yogananda dans le East-West de mars 1926.

Il élabore aussi un menu journalier pour ses disciples contenant carottes, oranges, pommes, légumes verts, raisins, dattes, du lait végétal préparé avec deux cuillerées à thé d’amandes ou autres noix moulues puis mélangées avec de l’eau ainsi que du pain de blé entier.

Une recette de crudités à la Yogananda dans le East-West de décembre 1929 : on écrase la moitié d’un avocat, la moitié d’une tomate, on y incorpore du piment vert, de l’oignon cru et du jus de citron, puis on sert sur des feuilles de laitue.

Le végétarisme éthique de Gandhi

En 1935, Yogananda rencontre Gandhi  pendant quelques jours, lors d’un séjour en Inde. Ils parlent, entre autres, de leurs connaissances respectives en matière d’aliments pour remplacer la viande. Yogananda vante les mérites de l’avocat, inconnu en Inde, mais poussant facilement en Californie. Gandhi paraît intéressé et Yogananda promet de lui  envoyer des plants d’avocatier. Gandhi lui exprime aussi le désir d’être initié au kriya-yoga, initiation qu’il recevra  avec quelques autres de ses disciples.

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« La viande, qui retient les vibrations de douleur, de peur et de colère de l’animal tué, est un irritant psychologique et de plus il dérange l’équilibre de l’esprit – (Paramahansa Yogananda)

Swami Yukteswar Giri, écrivit, en 1894,  Kaivalya Darsanam (en français La Science Sacrée) où il développait l’idée  que pour ouvrir notre cœur qui est la « porte de communication entre la création matérielle et la création spirituelle », il faut impérativement s’abstenir de toute cruauté : « Il est évident que chez les hommes de toutes les races, on voit que les sens de l’odorat, de l’ouïe et de la vue ne les conduisent jamais à égorger les animaux. Au contraire, ils ne peuvent même pas supporter de tels massacres. On recommande toujours d’avoir les abattoirs le plus loin des villes et l’on passe des arrêtés qui interdisent strictement le transport à découvert de la viande de boucherie. Peut-on considérer que la viande est la nourriture naturelle de l’homme, quand à la fois ses yeux et son nez y sont si hostiles, à moins que son goût n’ait été dénaturé par les épices, le sel et le sucre? » Yuksteswar en arrive à la conclusion que « les fruits, les céréales, les racines … sont incontestablement la meilleure nourriture de l’homme ».

Le dernier banquet

Le 7 mars 1952, Yogananda participe au Millennium Biltmore Hotel de Los Angeles à un banquet en l’honneur de l’ambassadeur de l’Inde aux États-Unis. Alors qu’il termine son discours par un extrait de son poème My India, « là où le Gange, les forêts, les cavernes de l’Himalaya et les hommes rêvent de Dieu. Je suis sanctifié, mon corps touche ce sol », il s’effondre par terre, foudroyé.

Afin de permettre à des disciples vivant au loin de le voir une dernière fois, son corps est gardé à la morgue de Los Angeles. On raconte que, pendant vingt jours, sa dépouille ne démontra aucun signe visible de décomposition. Le directeur du cimetière signa une déclaration affirmant que « le corps gardait un état phénoménal d’incorruptibilité…aussi intact qu’il l’était au soir du décès ».PPYS02 (1).jpg

La dernière photo de Yogananda, prise quelques heures avant sa mort, le montre étrangement serein, les yeux mi-clos avec un sourire énigmatique.

Pour lire Autobiographie d’un yogi : http://www.histoireebook.com/index.php?post/Paramahansa-Yogananda-Autobiographie-d-un-yogi